Pourquoi la rue du Jeu de Ballon ?

Une rue du village porte ce nom, que l’on trouve également dans de nombreuses villes et villages héraultais. Mais il ne faut pas s’imaginer que les garçons y pratiquaient un sport ressemblant au football.

Entre la « Rue de la Calade » et la Croix de l’« Avenue du Val de Montferrand

Une rue du village porte ce nom, que l’on trouve également dans de nombreuses villes et villages héraultais. Mais il ne faut pas s’imaginer que les garçons y pratiquaient un sport ressemblant au football.

Cette rue en pente est située entre la « Rue de la Calade » et la Croix de l’« Avenue du Val de Montferrand ». C’est l’ancien fossé médiéval longeant la muraille Est.

« C’était dans cette rue que se pratiquait autrefois le jeu du tambourin » écrivait l’ancien garde-champêtre Paul Sadde. En fait, la mémoire des Anciens confond le « jeu de ballon » avec son héritier le « jeu de balle au tambourin ».

Dans la vallée de l’Hérault, en Provence et aussi en Italie

Dès le XVIIème siècle le jeu de ballon était pratiqué dans la vallée de l’Hérault et le Montpelliérais, ainsi qu’en Provence et en Italie. Le jeu serait arrivé dans le Midi de la France au XVIème siècle sous l’influence de la Renaissance italienne (XIVe – XVIe siècles).

Aux Matelles, le jeu de ballon figure sur un compoix (ancien cadastre) de 1613. Un inventaire des biens de la communauté de 1687 cite « une place servant de jeu de ballon ». La plus ancienne référence au jeu de ballon est antérieure à 1639. Au milieu du XVIIIe siècle, quasiment chaque localité de la plaine héraultaise avait un terrain de jeu permettant de s’adonner à celui-ci.

Cette activité sportive, appréciée des jeunes hommes, était un lieu de sociabilité où la robustesse était mise en valeur. C’était un jeu  proche de la « longue paume » pratiquée au Moyen-âge. Le ballon pouvait être frappé soit à la volée, soit après un rebond au sol. Le rebond contre la muraille (rendue plane par un enduit à la chaux) permettait d’obtenir un effet sur sa trajectoire qui mettait l’adversaire en difficulté (comme au squash). Le but pour marquer un point était de réussir à envoyer le ballon au-delà de la ligne de fond adverse.

A partir des années 1860, avec l’apparition de nouveaux instruments, la pratique du jeu de ballon avec brassard s’éteignit progressivement. Elle fut ensuite remplacée par le « jeu de balle au tambourin » (avec cercle de bois tendu de peau de chèvre et une plus petite balle en caoutchouc). Nous parlerons du tambourin aux Matelles dans un prochain cahier.

Un étrange brassard !

Le jeu de ballon au brassard, apprécié des jeunes, était un lieu de sociabilité où la robustesse était mise en valeur. Il s’identifie à la pratique de la « longue paume » du Moyen ­Âge et oppose 2 à 8 adversaires sur un terrain pouvant atteindre 80 mètres, le long d’un mur (en général le rempart, comme aux Matelles) et de la largeur du fossé défensif. Lors de la mise en jeu, le ballon devait rebondir sur la muraille (rendue plane par un enduit à la chaux) ; il était ainsi plus difficile à reprendre par l’adversaire. Les rebonds sur le mur étaient aussi possibles durant le jeu. Un point était marqué lorsque la balle franchissait la ligne de fond adverse.

Le ballon, d’environ 10 cm de diamètre, était particulièrement dur. Aussi devait­-il être frappé avec force par un instrument très résistant : le « brassard », cylindre de bois que l’on enfilait sur le poignet, tenu solidement à l’intérieur par une cheville de bois. Sa surface était sculptée en « pointes de diamant », afin de permettre un meilleur effet sur le ballon au moment de la frappe. Cet instrument de jeu devenait malheureusement une véritable arme lors de rares bagarres à coups de brassards dues aux litiges entraînés par des paris souvent considérables.

Pour en savoir plus : voir Etudes héraultaises, n°39, 2009 : « Au temps où le jeu de ballon n’était pas encore un jeu d’enfant ». Nous remercions Christian Guiraud, co-auteur de l’article, propriétaire du brassard, qui nous a autorisés à reproduire les illustrations.


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